Pourquoi autant de japonais se suicident ?

(Source : The Telegraph, par Andrew M Brown, trad. NewsOfTomorrow.org)

Le pauvre homme japonais qui s’est suicidé en direct sur internet fait partie des dizaines de milliers de personnes dans ce pays qui se sont suicidées cette année. En 2009, 32,845 japonais se sont suicidés. Ce chiffre est resté au-dessus de la barre des 30,000 ces 12 dernières années et il n’y a aucun signe de changement. Cela fait 88 suicides par jour. C’est beaucoup : le Japon a l’un des taux de suicide les plus élevés dans le monde, beaucoup plus élevé qu’en Grande-Bretagne, par exemple.


(Photo : Getty Images)

Mon sentiment personnel est que cette épidémie d’auto-destruction est liée à des questions de statut, de honte et d’estime de soi et à la culture japonaise de compétition. Dans un contexte économique incertain de nombreux hommes japonais – plus de 70 pour cent des cas de suicides concernent les hommes – ne se sentent plus capables d’avoir un travail décent et de pouvoir soutenir leur famille par leur vie professionnelle. Pour aggraver les choses, ils peuvent se retrouvés piégés par le sarakin-jigoku ou « l’enfer d’usurier », ce qui arrive lorsqu’une personne est prisonnière de dettes toujours grandissantes envers un usurier ou sarakin.

C’est une combinaison mortelle : l’humiliation personnelle ainsi que l’acceptabilité relative du suicide dans la culture japonaise. La honte est l’un des principaux moteurs du suicide. La Corée du Sud a également un taux très élevé de suicide et ce pays possède une structure sociale comparable dans laquelle c’est la honte qui motive les citoyens.

Pour le dire en termes généraux, le suicide est une réponse catastrophique et totale au sentiment de ne pas être à la hauteur, le sentiment que vous avez déçu les autres et vous-mêmes, que vous n’avez pas répondu aux attentes. Vous ne désirez plus que vous enfouir sous terre. Les suicides japonais ne sont pas, en règle générale, “des appels à l’aide”. Les méthodes utilisées ont tendance à être des anéantissements de soi violents surtout chez les hommes, comme par la chute sous les roues d’un train en marche.

Ainsi, dans une culture où répondre aux attentes de la société en générale est particulièrement bien vu, on peut comprendre pourquoi l’acte choquant de se tuer peut sembler la seule issue “honorable”. La personne cherchant à se suicider ne peut pas voir au moment où elle se tue qu’elle choisit une solution permanente à un problème qui pourrait n’être que temporaire.