Pour finir, je vous propose une interview de Jean-Louis Brunaux, chercheur au CNRS, qui a publié Les religions gauloises, interview faite par Christian Goudineau, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire des Antiquités Nationales :
Q. : J'insiste, au nom des lecteurs : et les druides?
R. : C'est un sujet sur lequel a régné et règne encore une grande confusion, laquelle est née du passage que leur consacre César dans le livre VI de la Guerre des Gaules. Or, ce passage n'est pas de sa plume : là encore, il a reproduit les propos d'un auteur sensiblement plus ancien, plus ou moins bien informé, amplifiant et généralisant des récits ou des observations un peu... fantaisistes.
Q. : Ainsi, vous voulez dire que les druides, c'est... un mythe?
R. : Non, car nous avons la chance d'en connaître un, contemporain de Vercingétorix. Il s'appelle Diviciac, c'est le principal magistrat de la cité des Eduens, un allié de César. Or, celui-ci ne le présente jamais en tant que druide. C'est par Ciréron que nous lui connaissons cette qualité : il vint à Rome, Cicéron s'entretint avec lui pour préparer son ouvrage sur la divination, domaine en lequel Diviciac était expert.
Q. : Donc, être druide, ce n'est pas... une profession, une fonction à plein temps ?
R. : Sûrement pas. Le druide, c'est un aristocrate de la cité à qui sa filiation, son éducation, ses mérites ont permis de détenir une charge religieuse, dont la nature peut varier. Diviciac était spécialisé dans la divination...
Q. : ... l'équivalent d'un augure romain ? R. : Sans doute. D'autres étaient peut-être préposés à l'organisation des grandes cérémonies religieuses, d'autres s'occupaient des problèmes juridiques, d'autres des archives. Etc. Mais ils occupaient une place centrale dans le gouvernement de la cité.
Q. : Mais le texte repris par César?
R. : Selon moi, il représente une synthèse maladroite, en ceci qu'il laisse entendre qu'un druide pouvait, à lui seul, assumer des tâches - à la fois des responsabilités et des honneurs - qui se répartissaient en réalité entre diverses personnalités de la vie publique.
Q. : J'insiste. Selon vous, chez les Gaulois comme en Grèce ou à Rome, pas de séparation entre charges politiques et religieuses. Ce sont les mêmes - les nobles - qui les exercent à tour de rôle et selon les moments de leur vie? Pas de caste sacerdotale ?
Jean-Louis Brunaux: Vous avez résumé le fond de ma pensée. Christian Goudineau : Merci.
Q. : J'insiste, au nom des lecteurs : et les druides?
R. : C'est un sujet sur lequel a régné et règne encore une grande confusion, laquelle est née du passage que leur consacre César dans le livre VI de la Guerre des Gaules. Or, ce passage n'est pas de sa plume : là encore, il a reproduit les propos d'un auteur sensiblement plus ancien, plus ou moins bien informé, amplifiant et généralisant des récits ou des observations un peu... fantaisistes.
Q. : Ainsi, vous voulez dire que les druides, c'est... un mythe?
R. : Non, car nous avons la chance d'en connaître un, contemporain de Vercingétorix. Il s'appelle Diviciac, c'est le principal magistrat de la cité des Eduens, un allié de César. Or, celui-ci ne le présente jamais en tant que druide. C'est par Ciréron que nous lui connaissons cette qualité : il vint à Rome, Cicéron s'entretint avec lui pour préparer son ouvrage sur la divination, domaine en lequel Diviciac était expert.
Q. : Donc, être druide, ce n'est pas... une profession, une fonction à plein temps ?
R. : Sûrement pas. Le druide, c'est un aristocrate de la cité à qui sa filiation, son éducation, ses mérites ont permis de détenir une charge religieuse, dont la nature peut varier. Diviciac était spécialisé dans la divination...
Q. : ... l'équivalent d'un augure romain ? R. : Sans doute. D'autres étaient peut-être préposés à l'organisation des grandes cérémonies religieuses, d'autres s'occupaient des problèmes juridiques, d'autres des archives. Etc. Mais ils occupaient une place centrale dans le gouvernement de la cité.
Q. : Mais le texte repris par César?
R. : Selon moi, il représente une synthèse maladroite, en ceci qu'il laisse entendre qu'un druide pouvait, à lui seul, assumer des tâches - à la fois des responsabilités et des honneurs - qui se répartissaient en réalité entre diverses personnalités de la vie publique.
Q. : J'insiste. Selon vous, chez les Gaulois comme en Grèce ou à Rome, pas de séparation entre charges politiques et religieuses. Ce sont les mêmes - les nobles - qui les exercent à tour de rôle et selon les moments de leur vie? Pas de caste sacerdotale ?
Jean-Louis Brunaux: Vous avez résumé le fond de ma pensée. Christian Goudineau : Merci.
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