Vatileaks : le banquier de Dieu a peur
L'affaire des fuites du Vatican se teinte de noir. Au cours d'une perquisition au domicile d'Ettore Gotti Tedeschi, président du IOR (Institut pour les oeuvres de religion), limogé le 24 mai dernier, les enquêteurs ont découvert un dossier sur les opérations illicites de la Banque du Vatican, et les luttes internes pour en prendre le contrôle. Interrogé pendant cinq heures par les magistrats, le banquier a déclaré : "Si je disparais de façon violente, cherchez l'assassin dans ces documents."
Les perquisitions au domicile de Gotti Tedeschi à Piacenza et à son bureau de Milan n'avaient pourtant rien à voir avec le Vatileaks. À la demande du parquet de Naples, les carabiniers étaient à la recherche d'indices sur un présumé pot-de-vin de 10 millions d'euros qu'aurait encaissé Giuseppe Orsi, patron de la société publique Finmeccanica, à l'occasion de la vente de 12 hélicoptères au gouvernement indien. Le banquier était entendu par les enquêteurs comme "personne informée des faits", mais il n'est pas mis en examen dans le cadre de cette affaire.
La découverte des documents sur la Banque du Vatican a bouleversé l'enquête. Le procureur général de Rome, Giuseppe Pignatone, et le colonel Sergio Di Caprio, l'homme qui a arrêté les parrains de la mafia Toto Riina et Bernardo Provenzano, se sont immédiatement rendus à Milan pour conduire l'interrogatoire de Gotti Tedeschi. Le dossier contient des documents sur une transaction suspecte de 23 millions d'euros effectuée par l'IOR en 2010, mais également des courriers entre de hauts responsables du Saint-Siège, et notamment entre le secrétaire du pape, Georg Gänswein, et le cardinal secrétaire d'État, Tarcisio Bertone.
Guerre secrète et sans merci
Le débat interne au Vatican concerne les règles de transparence qu'Ettore Gotti Tedeschi a tenté d'introduire dans le fonctionnement de l'IOR et les résistances qui ont conduit à son licenciement. Le banquier a confié à des proches, au cours des derniers jours, qu'en dehors de Benoît XVI, dont il est un intime, il n'a plus confiance en personne au sein du Saint-Siège. Redoutant de subir le même sort que les banquiers Roberto Calvi - retrouvé pendu sous un pont de Londres - et Michele Sindona - empoisonné par un café au cyanure -, Ettore Gotti Tedeschi a engagé un service de gardes du corps. Et le dossier saisi par la police était également destiné à prévenir un attentat contre sa vie.
Au-delà des querelles de personnes, la guerre secrète et sans merci qui se déroule dans les couloirs du palais pontifical oppose deux des piliers financiers du Vatican : l'Opus Dei et les Chevaliers de Colomb. De l'Opus Dei, prélature personnelle du pape forte de 88 000 fidèles dans le monde, on connaît l'activisme économique. S'inspirant du découvreur des Amériques, les Chevaliers de Colomb sont le bras armé des catholiques conservateurs américains, et comptent 1,8 million d'adhérents. La fortune de l'institution se base sur un portefeuille d'assurances évalué à 85 milliards de dollars. En 10 ans, les Chevaliers de Colomb ont fait don de 1,5 milliard de dollars au Saint-Siège. Carl Anderson, le "Suprême Cavalier" et patron de l'organisation, fait partie du conseil d'administration de l'IOR, qui a limogé Ettore Gotti Tedeschi. Il est aujourd'hui candidat pour prendre la direction de la Banque du Vatican...
Source : http://www.lepoint.fr/monde/vatileaks-le-banquier-de-dieu-a-peur-07-06-2012-1470474_24.php
Pour protéger sa vie, l'ancien patron de la Banque du Vatican a constitué un dossier sur les opérations illicites de l'institution.
L'affaire des fuites du Vatican se teinte de noir. Au cours d'une perquisition au domicile d'Ettore Gotti Tedeschi, président du IOR (Institut pour les oeuvres de religion), limogé le 24 mai dernier, les enquêteurs ont découvert un dossier sur les opérations illicites de la Banque du Vatican, et les luttes internes pour en prendre le contrôle. Interrogé pendant cinq heures par les magistrats, le banquier a déclaré : "Si je disparais de façon violente, cherchez l'assassin dans ces documents."
Les perquisitions au domicile de Gotti Tedeschi à Piacenza et à son bureau de Milan n'avaient pourtant rien à voir avec le Vatileaks. À la demande du parquet de Naples, les carabiniers étaient à la recherche d'indices sur un présumé pot-de-vin de 10 millions d'euros qu'aurait encaissé Giuseppe Orsi, patron de la société publique Finmeccanica, à l'occasion de la vente de 12 hélicoptères au gouvernement indien. Le banquier était entendu par les enquêteurs comme "personne informée des faits", mais il n'est pas mis en examen dans le cadre de cette affaire.
La découverte des documents sur la Banque du Vatican a bouleversé l'enquête. Le procureur général de Rome, Giuseppe Pignatone, et le colonel Sergio Di Caprio, l'homme qui a arrêté les parrains de la mafia Toto Riina et Bernardo Provenzano, se sont immédiatement rendus à Milan pour conduire l'interrogatoire de Gotti Tedeschi. Le dossier contient des documents sur une transaction suspecte de 23 millions d'euros effectuée par l'IOR en 2010, mais également des courriers entre de hauts responsables du Saint-Siège, et notamment entre le secrétaire du pape, Georg Gänswein, et le cardinal secrétaire d'État, Tarcisio Bertone.
Guerre secrète et sans merci
Le débat interne au Vatican concerne les règles de transparence qu'Ettore Gotti Tedeschi a tenté d'introduire dans le fonctionnement de l'IOR et les résistances qui ont conduit à son licenciement. Le banquier a confié à des proches, au cours des derniers jours, qu'en dehors de Benoît XVI, dont il est un intime, il n'a plus confiance en personne au sein du Saint-Siège. Redoutant de subir le même sort que les banquiers Roberto Calvi - retrouvé pendu sous un pont de Londres - et Michele Sindona - empoisonné par un café au cyanure -, Ettore Gotti Tedeschi a engagé un service de gardes du corps. Et le dossier saisi par la police était également destiné à prévenir un attentat contre sa vie.
Au-delà des querelles de personnes, la guerre secrète et sans merci qui se déroule dans les couloirs du palais pontifical oppose deux des piliers financiers du Vatican : l'Opus Dei et les Chevaliers de Colomb. De l'Opus Dei, prélature personnelle du pape forte de 88 000 fidèles dans le monde, on connaît l'activisme économique. S'inspirant du découvreur des Amériques, les Chevaliers de Colomb sont le bras armé des catholiques conservateurs américains, et comptent 1,8 million d'adhérents. La fortune de l'institution se base sur un portefeuille d'assurances évalué à 85 milliards de dollars. En 10 ans, les Chevaliers de Colomb ont fait don de 1,5 milliard de dollars au Saint-Siège. Carl Anderson, le "Suprême Cavalier" et patron de l'organisation, fait partie du conseil d'administration de l'IOR, qui a limogé Ettore Gotti Tedeschi. Il est aujourd'hui candidat pour prendre la direction de la Banque du Vatican...
Source : http://www.lepoint.fr/monde/vatileaks-le-banquier-de-dieu-a-peur-07-06-2012-1470474_24.php
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