Des fouilles préventives sont menées sur 4,7 hectares, à Vinneuf

Le bureau d’études Éveha a mis au jour, sur un vaste terrain à Vinneuf, des traces d’habitats et des sépultures de l’âge du bronze.

Le site est remarquable à deux titres. D'abord sa surface : 4,7 hectares, situés au lieu-dit Le Chatelot, à Vinneuf. Ensuite et surtout son contenu : des vestiges d'une occupation de l'âge du bronze moyen et final (de 1500 à 900 avant notre ère), comprenant à la fois des habitats et une nécropole. « L'âge du bronze moyen est assez peu connu en Bourgogne. D'une manière générale, on connaît mal ces populations, car elles ne possédaient pas l'écriture. Seule l'archéologie peut apporter des informations », commente Régis Issenmann, responsable du chantier de fouilles archéologiques.



Les fouilles ont débuté le 2 janvier et vont se terminer le 9 mars. Elles sont réalisées par une équipe de quinze archéologues du bureau d'études Éveha. Il s'agit de fouilles préventives, confiées à la société par la préfecture, après un diagnostic de l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives). Elles ont été décidées en préalable aux travaux d'extension de la carrière Lafarge Granulats, implantée à côté.

Les archéologues ont d'abord « décapé » tout le terrain à l'aide d'engins de chantier, sur une épaisseur de 50 à 70 cm, correspondant à « la couche des labours ». Ils ont ensuite procédé à l'exploration manuelle, aux relevés et aux prélèvements.

À l'ouest du terrain, les archéologues ont identifié une zone domestique de l'âge du bronze moyen, comportant des fossés en touts genres (carrières, dépôt, sanitaires…), des silos souterrains, ainsi que les traces d'une habitation. Il s'agit d'un habitat sur poteaux, dont les emplacements sont bien visibles. Dans ce périmètre, les archéologues ont découvert des objets (bracelets, épingles…) et de nombreux débris de céramiques. « Le style du décor ou la cuisson des céramiques nous permettent de dater le site, indique Regis Issenmann. De la même manière, les ossements d'animaux, retrouvés dans les fossés, ou les graines, retrouvés dans les foyers de cuisson, nous renseignent sur les modes de subsistance de ces sociétés : les cultures, l'élevage, la chasse, etc. »

Juste à côté de cette habitation, on distingue un cercle. Très certainement un enclos funéraire, d'assez grande dimension. Mais il y a mieux.

Au nord du terrain, l'équipe d'Éveha a exhumé une petite nécropole, pressentie lors du diagnostic. À l'intérieur, plusieurs vases funéraires contenaient encore des ossements. « Cette nécropole date de l'âge du bronze final. À cette époque, les personnes décédées étaient incinérées. Leurs restes étaient conservés dans des urnes, réunies dans une nécropole », indique Régis Issenmann.

« Sur un même terrain, on peut étudier la vie des personnes de l'âge de bronze, mais aussi leurs rites funéraires. C'est assez rare, même si les vallées de l'Yonne et de la Vanne sont riches en vestiges archéologiques », note l'archéologue.

Le bureau d'études Éveha a prévu d'organiser une exposition à Vinneuf, pour présenter le résultat des fouilles.