Le musée de la Poste, à Paris, invite les sorcières jusqu’au 31 mars. Les sorcières, mythes et réalités : une affaire sérieuse. Si elles font aujourd’hui partie du patrimoine culturel occidental, notamment dans les contes (Blanche-Neige…) et la littérature pour la jeunesse (Harry Potter…), sinon le cinéma, elles constituent une réalité historique, mais aussi contemporaine, comme l’illustre cette exposition. Mais, au fait, pourquoi les sorcières et non les sorciers ?
Discrimination féminine
Saint-Augustin (354-430), qui glosa beaucoup sur le péché originel, en imputa la faute à Adam, premier de tous les hommes, et non à Eve, comme il est communément répandu. Ce sont ses suiveurs médiévaux qui déduisirent la responsabilité de l’épouse première, puisqu’elle est, selon eux, instigatrice de l’acte tentateur.
"La leçon avant le sabbat", Louis Maurice Boutet de Mouvel - 1880 - Nemours, Château musée de , de © Photo RMN, René Gabriel Ojéda
La société médiévale, d’avant le XIIIe siècle, et l’Eglise toute puissante en tête, s’ingénia à discriminer la femme. C’est la femme « meschine », calculatrice, tentatrice et veule, dont la nature s’étend jusqu’à nos jour sous le jour de la femme fatale. Mais la figure féminine originelle la plus négative est Lilith, qui n’apparaît pas dans le texte biblique, mais dans une légende hébraïque qui voit en elle la première femme d’Adam, répudiée par Dieu pour lui avoir refusé allégeance.
D'Eve à Lilith, il n’y a qu’un pas, tentateur à franchir, et la seconde fut fusionnée à la première pour monter de toute pièce un bouc émissaire à tous les maux, alors que Satan est, au moyen-âge, à tous les coins de rue. Qui d’autre que la femme pouvait en être responsable, sinon son intermédiaire ?
Inquisition
Si la sorcière est généralement identifiée au moyen-âge, les procès en inquisitions y sont bien plus rares qu’au XVIIe siècle, où l’on observe un pic qui, paradoxalement, prend source à la Renaissance, synonyme d’humanisme et de préambule au cartésianisme.
Ainsi, à cette époque bénie de l’Inquisition, au XVIe et XVIIe siècle, les historiens dénombrent 80% des procès en sorcellerie intentés aux femmes. A Michelet d’écrire encore au XIXe siècle dans « La Sorcière », ouvrage de référence pour avoir défriché le cursus : "Un sorcier, dix-mille sorcières".
"La Convocation au sabbat", José de la Pena - 1938 - © Musée basque et de l'histoire de Bayonne
Spécialiste de la question, Robert Munchembled explique cette flambée par l’embrasement des guerres de religion dans toute l’Europe. Recensant les procès et exécutions, l’historien a observé qu’ils étaient particulièrement présents aux frontières entre les deux partis en conflit, catholiques et réformistes, les uns étant toujours les hérétiques des autres.
Il faudra attendre les Lumières du XVIIIe siècle, pour voir son recul, comblé par l’arrivée des… vampires au panthéon des croyances populaires.
La sorcière, patrimoine culturel
L’exposition du Musée de la Poste aborde dans un premier temps la sorcière sous un angle artistique, comme objet culturel.
Ce parcours expose des tableaux de David Ténier et Léonard Bramer (1596-1674), à Jean Aujame (1905-1965). Les premiers faisaient œuvre de documentaristes sur des pratiques considérées comme véritables et contemporaines. Ce ne sont alors que sorcières au village et sabbats dans les campagnes ; infanticides, anthropophagie et danses licencieuses à la clé. Les seconds prennent les mêmes motifs, mais sous le sceaux de l’imagination. Le cinéma s’est évidemment emparé de l’objet du délit dans de nombreux films de "La Sorcellerie à travers les âges" (1920), à "Ma femme est une sorcière" (1942), pour ne citer que les plus connus. Des maquettes du "Faust" (1926) de Murneau sont même exposées au milieu des affiches.
Méphistophélès, maquette de costume pour "La Damnation de Faust", dessin de Georges Méliès - 1904 © Coll. Cinémathèque française
Une partie historique retrace également des grandes affaires, tels que le procès mené par Pierre Lancres en 1609 au Pays basques, que reconstitua en 18 tableaux le peintre José de la Pena en 1938. Des gravures et vieux papiers évoquent l’affaire de Loudun de 1632 qui vit l’exécution d’Urbain Grandier, prêtre accusé de sorcellerie par les nones du couvent de sa paroisse.
Rituels magiques
La seconde partie du parcours retrace les pratiques en vigueur depuis le moyen-âge en milieu rural. L’environnement y est particulièrement propice, en raison de la concurrence entre paysans et l’utilisation des plantes, tant curatives que vénéneuses, toutes hallucinogènes, tels que la belladone, la jusquiame, le datura ou l’ergot de seigle, ce dernier étant à la base du futur LSD.
Les outils du travail agraire sont détournés à des fins maléfiques, et si la maison de la sorcière est comparable à celle de tout paysan, elle est remplie de bocaux d’alcools où surnagent, serpents, crapauds et autres ailes de chauve-souris. A leurs côtés s’alignent les grimoires maudits tels que le Grand et le Petit Albert, véritables traités de pharmacopé populaire, alors que le fameux balais, à côté de la cheminée, attend son vol pour se rendre au sabbat, après que la sorcière s’eût oint d’un baume magique…
Dagyde (poupée d'envoûtement) - fin XIXe-début XXe siècle - Collection Daniel Pouget © Photo Michel Fischer
L’envoûtement le plus connu consiste à piquer d’aiguilles une figurine à image humaine ou animal pour blesser, voire tuer. Les tarots, baguettes de sourcier, miroirs... participent du bric-à-brac du sorcier que l’on trouve rassemblé dans l’évocation de Madame P. Au début du XXe siècle cette dernière pratiquait nombre d’envoûtements dans un petit village de la Creuse. Elle faisait notamment fabriquer par des artisans locaux des terres cuites à l’effigie du diable pour ses offices…
La sorcellerie n’a pas disparue de nos jours. On se souvient du célèbre ouvrage de Philippe Alfonsi et Patrick Penot "L’œil du sorcier" (Robert Laffont, 1973) qui relatait une histoire d’envoûtement entre paysans du boccage normand. L’on parle depuis une quinzaine d’années d’un renouveau des rituels satanistes et, au temps du minitel, des charlatans offraient leurs charmes et envoûtements via l’ancêtre d’Internet. On imagine ce qu’il peut en être aujourd’hui sur la toile… Sorcières : pas mortes.
Les Sorcières, mythes et réalité Musée de la Poste - 34 boulevard de Vaugirard 75015 Paris
Du lundi au samedi de 10h a 18h, le jeudi jusqu'à 20h (fermeture dimanche et jours fériés)
Tel : 01 42 79 24 24
source : http://www.francetv.fr/culturebox/les-sorcieres-enflamment-le-musee-de-la-poste-a-paris-70709
Dim 6 Oct - 3:56 par Schattenjäger
» Décés de Gildas Bourdais
Dim 6 Oct - 2:59 par Achim
» Les mythes vikings
Ven 4 Oct - 10:18 par Schattenjäger
» Notre-Dame de Paris : l'enquête interdite
Jeu 3 Oct - 21:32 par Schattenjäger
» Les ET vus par JAMY de "c'est pas sorcier" !
Jeu 26 Sep - 7:18 par Mulder26
» La France en 2024
Mar 24 Sep - 19:47 par Satanas
» La géométrie sacrée de la France
Lun 23 Sep - 17:18 par anoy
» Bientôt un docu sur Marius Dewilde à la télévision
Lun 23 Sep - 16:08 par Mulder26
» Enquête sur les expériences de mort imminente : l’histoire vraie de l’EMI qui a sauvé une v
Sam 21 Sep - 21:27 par Schattenjäger
» Une hostie qui lévite en pleine messe à Lourdes
Sam 21 Sep - 13:04 par Mulder26
» Le cas Eric Borel
Sam 21 Sep - 11:19 par Schattenjäger
» Je pars à la recherche de BigFoot (TEV)
Ven 20 Sep - 22:49 par Schattenjäger
» Le hacker devenu millionnaire en truquant la loterie
Ven 20 Sep - 21:22 par Schattenjäger
» LES VIDÉOS LES PLUS FLIPPANTES DE YOUTUBE
Jeu 19 Sep - 21:59 par Schattenjäger
» MAGIE NOIRE : Il est allé trop loin dans L'HORREUR
Jeu 19 Sep - 21:50 par Schattenjäger