"Il y a un an et demi, à cet endroit, Michel Boutant nous a rendu visite. Pendant une heure, il a contemplé un trou d'eau." Jean-François Tournepiche a de la mémoire. Hier, le conservateur du département archéologie et paléontologie du musée d'Angoulême avait cette fois-ci bien plus à présenter au président du conseil général. Une trentaine d'élus ont arpenté le chantier de fouilles paléontologiques d'Angeac-Charente pendant une heure. Entamée il y a une semaine, l'exploration de la carrière Audoin se poursuit jusqu'au 28 août. Les cinq visites quotidiennes réservées aux curieux sont déjà complètes.
Angeac, c'est d'abord le fémur de sauropode de 2,40 mètres dévoilé au public en octobre dernier. Un produit d'appel qui appartenait à un herbivore d'une quarantaine de tonnes, pour autant de mètres de long. «Vous imaginez? Là, les fouilleurs s'échelonnent à peine sur une quinzaine de mètres. Il va s'écouler du temps avant qu'on retrouve tout l'animal», plaisante le conservateur. Un moulage de l'os et des troncs d'arbres gravés dans la roche sera réalisé pour être ensuite exposé.
Une rumeur d'étonnement monte de la petite foule massée sur le ponton en bois qui entoure le trou béant des fouilles. À l'intérieur des 200 mètres carrés soigneusement délimités au fil blanc, une quinzaine de bénévoles époussettent, creusent et exhument les ossements. Mazan, dessinateur embarqué au coeur du chantier, exhibe une petite griffe. «D'un point de vue scientifique, c'est la star du gisement. Elle appartient à un petit carnivore dont on a retrouvé tout un troupeau», s'extasie Renan Allain, paléontologue au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Le «dino autruche», comme il le surnomme, a sans doute péri noyé sous des tonnes d'eau.
Sur une table installée sur le côté de la tente, un péroné de carnivore et une dent de sauropode se disputent la vedette. Tous sont soigneusement nettoyés, examinés au microscope, puis étiquetés. En cette fin de première semaine, 280 ossements ont déjà été mis au jour, datés, pour l'instant approximativement, d'il y a 130 millions d'années. «Dans les deux semaines qui viennent, on va sans doute multiplier ces découvertes par deux», affirme, ravi, Jean-François Tournepiche. Plusieurs petites fouilles ont été entreprises dans un périmètre d'une centaine de mètres autour du site principal. «Les sondages sont tous concluants. Potentiellement, toute la surface est fossilifère.» Ce qui fait dire au scientifique qu'il leur faudra une quinzaine d'années avant de venir à bout du chantier.
Préparer un os peut mettre jusqu'à un mois. Pour extraire les plus fragiles, une coque en plâtre est façonnée autour du squelette qui est ensuite extrait de son cercueil de terre. La majorité des os sont pour l'instant stockés au musée d'Angoulême, quand d'autres filent à Paris ou à Lyon pour y être étudiés.
source : http://www.charentelibre.fr/2011/08/17/les-dinosaures-sortent-de-terre-a-angeac,1050396.php
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