Polynésie : la milice d’un roi autoproclamé tire sur la police

La milice d’un roi autoproclamé a fait feu sur la police, mercredi à Papeete, en Polynésie française, a indiqué le Parquet.

La police était venue interpeller Athanase Teiri, qui affirme être le roi de la République Pakumotu, un régime sans existence légale regroupant une centaine de personnes.

Les policiers ont été accueillis par la milice du roi, équipée de trois armes: un pistolet Ruger 22 long rifle avec lequel ils ont tiré, un fusil Remington qui s’est enrayé alors qu’un agent était mis en joue, et un fusil artisanal. Leur provenance n’est pas identifiée.

Selon les policiers, ces armes peuvent permettre de traverser leurs gilets pare-balles.

Cinq personnes, dont le roi, ont été placées en garde à vue pour tentative d’homicide sur un agent de la force publique, violence avec arme, rébellion en groupe armé, port d’arme prohibée et participation à une milice armée.

Les agents n’ont pas été touchés par les balles mais deux d’entre eux ont été légèrement blessés lors de l’interpellation des gardes «corpulents, et qui étaient dans un lieu confiné», a précisé un policier. Selon lui, les gardes «n’ont pas été perturbés» par les tirs de flashball qu’ils ont essuyés.

«C’est la première fois que ça arrive, ça fera date dans l’histoire de la délinquance en Polynésie, avec un réel verrou qui a sauté : l’usage des armes à feu contre les policiers» a regretté auprès de l’AFP Luc Roattino, représentant en Polynésie du syndicat des cadres de la sécurité intérieure.

La république Pakumotu défraie la chronique depuis cinq ans. Elle ne reconnaît pas les autorités officielles de la Polynésie française, telle que le gouvernement local, l’Etat, le tribunal ou les forces de l’ordre.



Les Polynésiens se sont dans un premier temps amusés de ce délire collectif. Athanase Teiri se coiffe d’une couronne de galette des rois, porte un sceptre en bois et un collier de coquillages autour du cou. Il a nommé une douzaine de ministres, menacé d’arrestation ou d’expulsion les principales personnalités de la collectivité, réquisitionné des terres avant d’en être expulsé, et même créé une monnaie, le Patu.

Cette monnaie imprimée sur des photocopieuses, mise en circulation peu avant de nouveaux billets en francs Pacifique, officiels ceux-là, a parfois créé la confusion.

Le roi avait d’ailleurs été condamné par le tribunal correctionnel de Papeete, mardi 22 janvier, à six mois de prison ferme pour mise en circulation de signes monétaires non autorisés, mais n’avait pas été placé sous mandat de dépôt.

Retranché à son domicile et protégé par ses gardes, il n’avait plus répondu aux convocations de la police, qui est donc allée l’interpeller mercredi.

Selon le Parquet, le roi et les gardes de sa milice doivent être déférés vendredi devant le juge d’instruction.