Les autorités environnementales britanniques ont décidé d’empoisonner massivement certains lacs pour éliminer une espèce de poisson asiatique invasive. Une opération délicate - il faut d’abord tenter d’évacuer les espèces indigènes - et controversée. Pseudorasbora parva : c’est le nom de ce petit poisson originaire d’Extrême-Orient et dépassant rarement les 7,5 cm, mais qui envahit peu à peu les cours d’eau du Royaume-Uni. Introduite indûment dans la nature durant les années 1980, Pseudorasbora a colonisé au moins 32 sites et constitue une menace sans précédent pour l’écosystème aquatique de Grande-Bretagne où il concurrence les espèces locales.
Pour ne rien arranger, ce poisson asiatique propage même une maladie qui peut tuer saumons et truites. Face à une telle menace, plusieurs tentatives ont été menées pour se débarrasser de ces envahisseurs : une, notamment, a consisté à capturer les poissons au filet après les avoir assommés électriquement. Mais toutes les tentatives se sont avérées infructueuses. Aussi, les responsables de l'Agence pour l'environnement britannique ont lancé un nouveau programme d'éradication : ce dernier doit utiliser des bateaux et des aéroglisseurs spécialement adaptés pour pulvériser un produit toxique dans les lacs déjà colonisés. Des tests effectués en 2005 avaient montré l’efficacité de la méthode. Néanmoins, les techniciens doivent d’abord essayer de retirer de l’eau les poissons d’espèces locales (en utilisant des filets), pour les conserver ensuite dans de grands réservoirs ou des lacs proches. "Pseudorasbora est l'une des espèces non indigènes les plus envahissantes en Europe de l'Ouest. Notre objectif est, d'ici 2017, de l’éradiquer et de supprimer la menace qu'il représente", a déclaré Matt Brazier, de l'Agence pour l'environnement cité par le Telegraph. Une technique controversée "La seule méthode efficace est d'utiliser un piscicide. C'est un produit chimique organique spécifiquement utilisé pour cibler des poissons dans l'eau et il n'est pas nocif pour les mammifères ou les oiseaux", a t-il ajouté. L'Agence pour l'environnement a pour objectif de traiter 6 sites avant la fin de l'année mais ceci ne se fait pas sans critique. En effet, si théoriquement, le poison se décompose et disparaît après quelques semaines - ce qui permet de réintroduire les poissons locaux dans leur habitat -, la technique est controversée : les gestionnaires de 17 lacs du Devon traités l’année dernière affirment que la pêche y a été affectée. "Toutes les grenouilles ont disparu et les stocks de poissons commencent seulement à récupérer maintenant", a souligné l’un d’eux.
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