La capitale bourbonnaise révèle son prestigieux passé, enfoui dans des sous-sols oubliés

L’association des Amis des caves Bertine, avec les archéologues du service d’archéologie préventif du département de l’Allier (SAPDA), viennent de passer une semaine à sonder les sous-sols monumentaux de la rue de l’Épargne.
Le coeur historique de Moulins regorge de caves et de sous-sols sur plusieurs niveaux. Des joyaux architecturaux totalement méconnus des chercheurs, du grand public et même de leurs propriétaires.

Les caves Bertine en sont le parfait exemple. Ces sous-sols monumentaux ont été totalement oubliés pendant des siècles, avant d'être "retrouvés" par les Imprimeries Réunies lors de leur installation, il y a deux ans.


Les caves Bertine datent vraisemblablement du XIII siècle. Cet ensemble monumental de 250 m, avec ses plafonds voûtés de style gothique primitif et ses sculptures de visages et végétaux, laisse penser que c’était un lieu civil conçu pour recevoir du monde. Pourquoi et comment ? Seuls les chercheurs et archéologues peuvent apporter des réponses grâce à leurs travaux.

Dominique Beaufils, l'un des membres actifs de l'association, est tombé amoureux du site. « Lorsque l'on a découvert les caves, quelle surprise ! Ce site majestueux totalement oublié, colle parfaitement avec le projet que nous avions de dédier un lieu pour l'imprimerie ancienne. Mais aussi d'en faire un espace de rencontres et d'expositions culturelles. Tout cela en montant un projet social de réhabilitation avec les jeunes des quartiers et grâce aux précieuses aides de la Fondation ACCOR, du Conseil général, de C-Toucom et des Imprimeries Réunies et Neuville. ».

Mais avant de concrétiser ce projet, il fallait retrouver le passé de ces caves. Seules la recherche et l'archéologie pouvaient apporter des réponses. Les archéologues du SAPDA, emmenés par Sébastien Talour, se chargent d'élucider les mystérieux sous-sols.

« Les sondages archéologiques exploratoires nous permettront de dater les niveaux de sol, d'occupation, ainsi que d'appréhender les techniques de construction de ces caves. Ces sondages s'inscrivent dans une recherche sur l'évolution de la ville de Moulins aux périodes médiévales et modernes. La problématique inédite de cet édifice semble confirmer le caractère exceptionnel de la construction de ces caves, dévolues à une utilisation civile par ailleurs méconnue. Aucun monument médiéval à Moulins ne date d'avant la construction de la Malcoiffée (1368-1410), sauf ces caves qui sont du style gothique primitif, donc a priori du XIII e siècle ».

Après une semaine de sondage, les archéologues ont retrouvé les fondations d'une colonne, plusieurs éléments de vaisselle de différentes époques qui vont être étudiés par le SAPDA. Demain et mardi, les archéologues vont finir les dessins et les relevés du site. Cet édifice n'a pas fini de révéler son histoire méconnue, et par son biais celle de la capitale du Bourbonnais.