Saint-Dizier : un cimetière sur le site des Crassés

Depuis quinze jours, le site des Crassés (au Chêne Saint-Amand) fait l'objet d'une campagne de fouilles archéologiques par des bénévoles. Plusieurs tombes ont été retrouvées.

DU monde sur le site des Crassés au rond-point du Chêne Saint-Amand vendredi dernier. Objet de la visite du grand public : les portes ouvertes du chantier de fouilles.
En effet, depuis début juillet et pour une durée totale de trois semaines, une quinzaine de bénévoles « tous étudiants en archéologie ou en histoire de l'art », précise Stéphanie Desbrosses-Dégobertière, archéo anthropologue à l'Inrap (Institut national de recherches archéologues préventives), s'intéresse de près à ce chantier unique. Un espace mis au jour dans les années soixante par Louis Lepage puis bien plus tard, en 2004, suite à la découverte de tombes de chefs mérovingiens qui avaient fait l'objet d'une exposition à renommée nationale.
« Ce terrain a été racheté par la Ville de Saint-Dizier qui n'avait pas alors l'intention de faire construire. Après la découverte des tombes des chefs à quelques centaines de mètres, le site des Crassés représentait un intérêt scientifique. C'est pourquoi un dossier a été déposé auprès de l'État afin de réaliser des fouilles programmées. Il durera plusieurs années car aucun bâtiment ne sera édifié sur ce site », a expliqué aux visiteurs l'archéo anthropologue.
Selon Stéphanie Desbrosses-Dégobertière, « les nécropoles mérovingiennes sont en général situées sur des pentes comme ici. Les meilleures terres étant réservées à l'agriculture. Cependant, la position des squelettes et l'absence d'objets indiquent qu'ils seraient de la période carolingienne. Les Mérovingiens sont enterrés les bras sur le corps contrairement aux carolingiens », précise-t-elle.
De plus, un seul linceul a été identifié pour l'instant, « près de la tombe la plus large ».
Les fosses sont, elles, très serrées et peu profondes. Des caractéristiques « de l'époque mérovingienne ».
Pour répondre à la question d'un visiteur, « les morts n'ont pas été enterrés à la hâte, dans une fosse commune puisque chaque tombe est bien différenciée, individualisée. Pour information, au niveau des enterrements, les Mérovingiens respectaient les époques antérieures et ne déplaçaient pas les tombes, par respect ».
Autant de questions qui amènent des réponses aux archéologues. La semaine prochaine, le site sera recouvert pour éviter tout pillage. « J'attends les résultats des analyses au carbone 14 pour obtenir davantage de précisions », a conclu la professionnelle.

Une nouvelle campagne de fouilles archéologiques est prévue en juin sur le même site qu'en 2011 (au rond-point du Chêne Saint-Amand). L'occasion de creuser davantage les origines de la cité Bragarde.

Partout en ville, des chantiers et des fouilles archéologiques préventives.
Ainsi, sur le site de l'ancien hôpital ont été retrouvés des signes d'un passé hydraulique datant des romains.
« Il y aurait peut-être eu un moulin à eau, une pêcherie ou un artisan travaillant le cuir. En creusant, nous avons ressorti des pieux en chêne de 3,50 mètres datant de 447 », rapporte Raphaël Durost de l'Inrap (Institut national des recherches archéologiques préventives).
Un espace dépendant de la villa gallo-romaine située à côté de l'actuel rond-point du Chêne Saint-Amand.
« Des fouilles plus poussées de la villa auront lieu cet été, du 11 juin au 6 juillet », annonce Stéphanie Desbrosse-Degortière également de l'Inrap.
Dans les années soixante, Louis Lepage avait découvert la villa qui comprend des appartements privés, une salle de réception, des bâtiments annexes et des jardins.
« Pour l'instant, nous n'avons trouvé aucune trace des habitations des ouvriers agricoles. Nous ne savons pas non plus si elle a été occupée après le IVe siècle. De nombreuses interrogations restent en suspens », indique Raphaël Durost.
À quelques mètres de la villa, une nécropole. « En 2011, au-dessus des tombes, nous avions conclu que plusieurs niveaux de sable servaient à couler des gueuses. Parallèlement, nous avons détecté 37 tombes mais ne datant pas des Mérovingiens », rappelle Stéphanie Desbrosse-Degortière.
Deux sarcophages réalisés en pierre de Savonnières, une zone de tombes d'enfants âgés d'un à quatre ans avaient été découverts également par les archéologues l'été dernier.
« Il existe au moins trois niveaux à la nécropole réalisés par un empilement des corps. Les inhumations se sont déroulées jusqu'au XIe siècle car ensuite, la population, avec la construction du château, s'est déplacée en ville », poursuit-elle.
Durant trois semaines l'été prochain, les fouilles de la nécropole reprendront avec 20 bénévoles.
« Les fouilles de la villa seront effectuées elles aussi par 20 bénévoles. Sur les deux sites, cinq personnes de tout âge et de toute expérience de l'agglomération de Saint-Dizier peuvent participer », déclarent les deux archéologues.
Comme l'an passé, une journée portes ouvertes sera organisée (le 23 juin). Elle devrait être étendue au dimanche 24 juin.
En 2011, 2 500 personnes s'étaient pressées sur le site. « Cette année, il sera mieux aménagé », affirme Stéphanie Desbrosse-Degortière.
Un retour vers le passé pour mieux comprendre le présent.
Pour être bénévole sur le site, contacter le cabinet du maire, place Aristide Briand 52115 Saint-Dizier Cedex. Tél au 03.25.07.31.31.

SAINT-DIZIER. Une deuxième campagne de fouilles archéologiques programmées a commencé le 11 juin sur le site des Crassés. Elle se poursuivra jusqu'au 6 juillet prochain. Le public est invité aujourd'hui dimanche 24 juin, de 9 à 17 heures, à découvrir gratuitement ce chantier exceptionnel.


Objectif de ces recherches souhaitées par la Ville de Saint-Dizier ? En savoir plus sur la nécropole déjà partiellement fouillée l'an passé et sur la villa gallo-romaine, domaine agricole et propriété d'un notable local. « Les fouilles de la villa ont pour but de reprendre les découvertes réalisées par Louis Lepage dans les années 60 à l'aide de nouvelles technologies », explique Stéphanie Desbrosse-Dégobertière, archéologue et anthropologue de l'Inrap.



Date de création et d'abandon de la villa ? Son statut ? Son organisation et son mode de fonctionnement ? Autant de questions auxquelles les archéologues espèrent trouver des réponses ou tout au moins des débuts de réponses. « On peut d'ores et déjà supposer que le propriétaire séjournait régulièrement dans la villa car il s'agit d'une habitation assez luxueuse », précise la spécialiste.
Concernant la nécropole, l'objectif est de poursuivre les recherches effectuées l'an passé. Trente-cinq tombes du XIe siècle avaient été mises au jour dont sept tombes d'enfants. Cette année, plusieurs dizaines de tombes devraient être fouillées à un niveau inférieur.

« Les études biologiques confirment la forte proportion d'enfants et montrent une présence égale d'hommes et de femmes. Il s'agissait d'une population relativement âgée pour l'époque et privilégiée d'un point de vue sanitaire avec peu de marques de carences et de souffrances », explique l'archéologue, avant de terminer : « La nécropole des Crassés est un site exceptionnel en Champagne-Ardenne. Ce type d'implantation est rare ». Deux équipes de dix-sept fouilleurs bénévoles, dont deux Bragards, participent à ce chantier.