
Intérieur du faucon momifié. On distingue la queue de souris qui court
le long de l'œsophage ainsi que l'accumulation de petits os dans l'estomac.
© Stellenbosch University.
C'est une petite momie égyptienne de presque rien. Conservée au musée Iziko du Cap (Afrique du Sud) où elle a atterri au début du XXe siècle, elle porte la cote SACHM 2575. Sous les bandelettes, un faucon crécerelle momifié datant de la Basse Epoque. C'est une ère où la grande Egypte des pharaons ne l'est plus vraiment, où les envahisseurs étrangers se disputent le pays, montent sur le trône, le perdent... Ethiopiens, Assyriens, Libyens, Perses, Grecs, Romains, tous prennent le pouvoir tour à tour. Dans un pays ballotté par les invasions, la population se raccroche à son identité nationale et à sa religion, ravivant notamment les cultes animaux : chaque divinité est associée à un avatar à poils ou à plumes avec lequel elle partage certaines caractéristiques. Par exemple, Rê, le dieu-soleil, représenté par un homme à tête de faucon, recevait-il en hommage des momies de ces rapaces, une pratique populaire entre 600 av. J.-C. et le milieu du IIIe siècle de notre ère. Un nombre incalculable d'animaux momifiés (chats, chiens, oiseaux...) ont été retrouvés à travers tout le pays. Et parmi eux, SACHM 2575.
A priori, rien de bien particulier avec cette momie. Mais quand Salima Ikram, de l'Université américaine du Caire, décide de la faire passer dans un scanner pour étudier l'animal sans avoir à l'"ouvrir", plus rien n'est vraiment normal, ainsi qu'elle le relate, en collaboration avec des collègues sud-africains, dans une étude publiée par le Journal of Archaeological Science dans son numéro daté de novembre. Tout d'abord, impossible de détecter la cause de la mort. D'ordinaire, les animaux votifs ont des fractures au niveau des cervicales ou du crâne parce qu'on leur a tordu le cou ou parce qu'on les a violemment estourbis. Là, rien de tel. Autre surprise, alors qu'il était de coutume d'éviscérer les animaux (ainsi que les humains) afin d'éviter les effets de la putréfaction, le petit faucon de SACHM 2575, même s'il a été desséché, embaumé et enveloppé dans les règles de l'art, dispose encore apparemment de tous ses organes.
Et c'est d'ailleurs grâce à ses organes que cette momie-oiseau devient passionnante pour les chercheurs qui l'étudient. Sur les images obtenues, on distingue clairement une espèce de câble fin qui court le long de l'œsophage, passe par le jabot et termine dans l'estomac. Il s'agit d'une... queue de souris. Quoi de plus normal, dira-t-on, les faucons attrapent et mangent des rongeurs. Mais en général, ils les avalent puis régurgitent, dans des boulettes, tout ce qu'ils n'ont pas pu digérer. Dans le cas présent, la queue n'a pas pu descendre jusqu'à l'estomac, et pour cause : celui-ci est plein à ras bord d'une masse de petits os et de matières à moitié digérées. Il y a de la souris. Beaucoup. Trop même. Les chercheurs ont comptabilisé 27 dents, alors qu'une souris n'en a que 16. Au moins deux ont fini dans le bec de l'oiseau. Mais elles ne sont pas seules. Les auteurs de l'étude ont également distingué des os et des restes de plumes d'un moineau.
Au bout du compte, pas moins de trois animaux ont atterri dans l'estomac de ce faucon. Anormal pour les chercheurs qui notent qu'en général, ces oiseaux ne se gavent pas et que, quand ils ont chassé trop de proies par rapport à leur appétit, ils les mettent de côté pour les manger plus tard. L'étude conclut que, selon toute vraisemblance, le rapace a été nourri de force et qu'il s'est étouffé en tentant d'avaler sa dernière souris. Pour les chercheurs, "SACHM 2575 apporte la première preuve concrète que des rapaces étaient conservés en captivité" avant d'être momifiés. Dans une interview qu'elle a accordée à LiveScience, Salima Ikram explique que 'le fait que les oiseaux qui n'étaient pas mangés étaient apprivoisés approfondit nos connaissances sur les pratiques religieuses" dans l'Egypte antique. On peut par exemple se demander si ce gavage de l'oiseau avant sa momification n'était pas une manière d'enrichir l'offrande faite à la divinité. Par ailleurs, la chercheuse ajoute que "la capacité qu'avaient les Egyptiens à domestiquer et à contrôler des populations d'oiseaux sauvages (...) est intéressante car elle nous renseigne sur l'évolution des relations entre les humains et les animaux".
Pierre Barthélémy
http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2015/09/10/une-bien-etrange-momie-oiseau-egyptienne/
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