Les templiers sont créés en Palestine, vers 1120, par deux chevaliers, Hugues, le seigneur de Payns, et son ami Geoffroy de Saint-Omer. Ceux qui se nomment d'abord les « pauvres chevaliers du Christ » se vouaient à la sauvegarde de Jérusalem, conquise par les Chrétiens depuis 1099, et à la protection des pélerins occidentaux qui affluaient, proies faciles pour les brigands. Baudouin, le roi de Jérusalem, leur offrit pour quartier général l'ancien temple de Salomon, ce qui leur valut leur nom de templier.
Ils font preuve, dès l'origine, d'une spécificité inédite dans le monde occidental : ils respectent, comme les moines, des vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, mais, comme les chevaliers, ils portent l'épée et s'en servent. Au fil des ans, ils se sont dotés d'une règle de vie.
La petite troupe, dont on ignore l'effectif, si elle est efficace, reste informelle. Pour se développer, ces moines-soldats ont besoin d'une reconnaissance officielle, de nouvelles recrues et de moyens financiers. Hugues de Payns et plusieurs de ses compagnons reviennent d'Orient, en 1127, dans cet objectif. L'officialisation dont les templiers ont besoin est organisée à Troyes, en janvier 1129 (ou 1128, lire ci-dessous).
Pourquoi Troyes ? Vraisemblablement parce que c'est le cœur du diocèse d'origine de Hugues de Payns et qu'il y possède de solides appuis, à commencer par le comte de Champagne. Thibaud II règne depuis 1125, date de l'abdication en sa faveur de son oncle Hugues 1er, parti rejoindre, en Orient, les templiers. Ensuite, Troyes est une localisation pratique pour celui qui fut, au sens propre comme au sens figuré, la sommité du concile : Bernard de Clairvaux, qui avait créé, depuis 1115, son abbaye sur les terres du comte de Champagne.
Pour autant, l'officialisation d'une règle de vie des templiers ne fut pas l'occasion d'une solennité exceptionnelle ; le concile convoqué en janvier 1129 est un concile de base : ni concile universel, ni concile général, mais concile régional. La ville de Troyes en avait précédemment connu quatre identiques, en 429, 867, 875 et 1104. Le plus important datait de 1107, présidé par le pape Pascal II. En 1129, le pape Honorius II a délégué comme président son légat, Mathieu d'Albano, plus connu en Champagne sous son nom civil de Mathieu du Rémois.
À l'ouverture de la réunion - qui dura une petite semaine -, sous les voûtes encore romanes de la cathédrale de Troyes, il est entouré de tous les prélats de la région : les archevêques de Reims et Sens, les évêques de Chartres, Soissons, Paris, Orléans, Châlons, Laon, Beauvais, et bien sûr de Hatton, l'évêque de Troyes. Sont également présents Étienne Harding, l'abbé de Cîteaux, l'abbé de Pontigny, ceux de Trois-Fontaines, Saint-Remi de Reims, Saint-Étienne de Dijon, Molesme et Clairvaux, le comte Thibaud et le comte de Nevers. Hugues de Payns et Geoffroy de Saint-Omer sont là, bien sûr, accompagnés de quatre ou cinq de leurs frères templiers.
C'est Jean de Saint-Michel qui fut chargé du compte rendu. Comme il l'explique dans le prologue, à Troyes, la règle du Temple n'est pas née de rien. Hugues de Payns a présenté celle qui était suivie à Jérusalem. Il y eut discussions, approbations, amendements et modifications, pour aboutir en définitive à une règle de soixante-douze articles rédigés en latin : un cadre, principalement moral, brossé à larges traits et qui explicite, au quotidien, la vie communautaire.
Peu de différences avec la règle d'un ordre religieux, à ceci près qu'il est nécessaire de ménager la force de ces soldats. L'article 1er de la règle souligne que leur mission première est le courage. Pas question de leur imposer une trop lourde ascèse : les templiers ont droit au vin et à la viande.
Progressivement, la règle sera précisée, pour mieux s'adapter à l'expansion de l'ordre du Temple et aux différents problèmes rencontrés dans l'organisation quotidienne. En 1260, par exemple, la règle ne compte plus soixante-douze mais six cent soixante-dix-huit articles. Quelques évolutions sont substantielles, comme le rattachement direct au pape (1139) et la levée de l'interdiction d'intégrer des chevaliers excommuniés. Mais si les articles se sont multipliés, l'esprit est resté fidèle à celui qu'ont impulsé les pères du concile de Troyes. La règle primitive de 1129 est demeurée fondatrice de tous les ordres religieux et militaires, qu'il s'agisse des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem ou, en Espagne, des ordres d'Alcantara ou de Calatrava.
Le concile eut des répercussions immédiates, déclenchant le succès spectaculaire que rencontrèrent Hugues de Payns et ses compagnons dans ce qu'on appellerait aujourd'hui leur grande « campagne de communication » : une vaste tournée en Europe pour susciter les vocations et les donations.
Avant même l'ouverture du concile, dès l'arrivée de Hugues de Payns, le comte de Champagne avait donné l'exemple. Il avait fait don aux pauvres chevaliers du Christ d'une exploitation agricole qu'il possédait près de Sézanne, à Barbonne (aujourd'hui Barbonne-Fayel). Une autre donation a été effectuée à Troyes, pendant le concile ou juste après. Le dénommé Raoul le Gros, dit Crassus, fait don, avec l'assentiment de son épouse, d'une ferme aux portes de Troyes, dans le quartier de Preize. La charte est signée en présence de Hugues de Payns et des templiers qui l'accompagnaient.
Là, comme bientôt dans de nombreux pays d'Occident, autour des donations de terres et de maisons, vont s'organiser les premiers lieux de vie qui deviendront les commanderies templières : petits monastères organisés autour de leur chapelle, les bases logistiques des troupes d'Orient. L'élan était donné.
Ils font preuve, dès l'origine, d'une spécificité inédite dans le monde occidental : ils respectent, comme les moines, des vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, mais, comme les chevaliers, ils portent l'épée et s'en servent. Au fil des ans, ils se sont dotés d'une règle de vie.
La petite troupe, dont on ignore l'effectif, si elle est efficace, reste informelle. Pour se développer, ces moines-soldats ont besoin d'une reconnaissance officielle, de nouvelles recrues et de moyens financiers. Hugues de Payns et plusieurs de ses compagnons reviennent d'Orient, en 1127, dans cet objectif. L'officialisation dont les templiers ont besoin est organisée à Troyes, en janvier 1129 (ou 1128, lire ci-dessous).
Pourquoi Troyes ? Vraisemblablement parce que c'est le cœur du diocèse d'origine de Hugues de Payns et qu'il y possède de solides appuis, à commencer par le comte de Champagne. Thibaud II règne depuis 1125, date de l'abdication en sa faveur de son oncle Hugues 1er, parti rejoindre, en Orient, les templiers. Ensuite, Troyes est une localisation pratique pour celui qui fut, au sens propre comme au sens figuré, la sommité du concile : Bernard de Clairvaux, qui avait créé, depuis 1115, son abbaye sur les terres du comte de Champagne.
Pour autant, l'officialisation d'une règle de vie des templiers ne fut pas l'occasion d'une solennité exceptionnelle ; le concile convoqué en janvier 1129 est un concile de base : ni concile universel, ni concile général, mais concile régional. La ville de Troyes en avait précédemment connu quatre identiques, en 429, 867, 875 et 1104. Le plus important datait de 1107, présidé par le pape Pascal II. En 1129, le pape Honorius II a délégué comme président son légat, Mathieu d'Albano, plus connu en Champagne sous son nom civil de Mathieu du Rémois.
À l'ouverture de la réunion - qui dura une petite semaine -, sous les voûtes encore romanes de la cathédrale de Troyes, il est entouré de tous les prélats de la région : les archevêques de Reims et Sens, les évêques de Chartres, Soissons, Paris, Orléans, Châlons, Laon, Beauvais, et bien sûr de Hatton, l'évêque de Troyes. Sont également présents Étienne Harding, l'abbé de Cîteaux, l'abbé de Pontigny, ceux de Trois-Fontaines, Saint-Remi de Reims, Saint-Étienne de Dijon, Molesme et Clairvaux, le comte Thibaud et le comte de Nevers. Hugues de Payns et Geoffroy de Saint-Omer sont là, bien sûr, accompagnés de quatre ou cinq de leurs frères templiers.
C'est Jean de Saint-Michel qui fut chargé du compte rendu. Comme il l'explique dans le prologue, à Troyes, la règle du Temple n'est pas née de rien. Hugues de Payns a présenté celle qui était suivie à Jérusalem. Il y eut discussions, approbations, amendements et modifications, pour aboutir en définitive à une règle de soixante-douze articles rédigés en latin : un cadre, principalement moral, brossé à larges traits et qui explicite, au quotidien, la vie communautaire.
Peu de différences avec la règle d'un ordre religieux, à ceci près qu'il est nécessaire de ménager la force de ces soldats. L'article 1er de la règle souligne que leur mission première est le courage. Pas question de leur imposer une trop lourde ascèse : les templiers ont droit au vin et à la viande.
Progressivement, la règle sera précisée, pour mieux s'adapter à l'expansion de l'ordre du Temple et aux différents problèmes rencontrés dans l'organisation quotidienne. En 1260, par exemple, la règle ne compte plus soixante-douze mais six cent soixante-dix-huit articles. Quelques évolutions sont substantielles, comme le rattachement direct au pape (1139) et la levée de l'interdiction d'intégrer des chevaliers excommuniés. Mais si les articles se sont multipliés, l'esprit est resté fidèle à celui qu'ont impulsé les pères du concile de Troyes. La règle primitive de 1129 est demeurée fondatrice de tous les ordres religieux et militaires, qu'il s'agisse des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem ou, en Espagne, des ordres d'Alcantara ou de Calatrava.
Le concile eut des répercussions immédiates, déclenchant le succès spectaculaire que rencontrèrent Hugues de Payns et ses compagnons dans ce qu'on appellerait aujourd'hui leur grande « campagne de communication » : une vaste tournée en Europe pour susciter les vocations et les donations.
Avant même l'ouverture du concile, dès l'arrivée de Hugues de Payns, le comte de Champagne avait donné l'exemple. Il avait fait don aux pauvres chevaliers du Christ d'une exploitation agricole qu'il possédait près de Sézanne, à Barbonne (aujourd'hui Barbonne-Fayel). Une autre donation a été effectuée à Troyes, pendant le concile ou juste après. Le dénommé Raoul le Gros, dit Crassus, fait don, avec l'assentiment de son épouse, d'une ferme aux portes de Troyes, dans le quartier de Preize. La charte est signée en présence de Hugues de Payns et des templiers qui l'accompagnaient.
Là, comme bientôt dans de nombreux pays d'Occident, autour des donations de terres et de maisons, vont s'organiser les premiers lieux de vie qui deviendront les commanderies templières : petits monastères organisés autour de leur chapelle, les bases logistiques des troupes d'Orient. L'élan était donné.
[b]Source[/b
« Le concile de Troyes ou la naissance de l'ordre du Temple », par F. Gilet et V. Alanièce, Mémoire de Champagne, T. 1, éd. Guéniot, 2000
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